par Adriano Oliva, OP
Fondée en 1921 par le P. Pierre Mandonnet, la Société thomiste a « pour objectif l’étude et la diffusion de la pensée et de l’œuvre de saint Thomas d’Aquin, par tous les moyens qu’elle jugera opportuns » (Statuts, art. 2). Elle compte aujourd’hui trente-trois membres actifs.
Ses activités régulières sont, d’une part, l’organisation de la « Journée thomiste », chaque premier samedi de décembre, au Centre d’études du Saulchoir [pour en savoir plus].
D’autre part, la Société thomiste possède une collection, la « Bibliothèque thomiste », éditée et diffusée, à partir de 1930, par la Librairie philosophique J. Vrin (Paris) [pour en savoir plus].
Aperçu historique
C’est peu après la fin de la première guerre mondiale que Pierre Mandonnet, historien dominicain renommé, a eu l’idée de fonder la Société thomiste. Dans le premier conseil, sous la présidence du fondateur, figurent notamment Jacques Maritain, vice-président, et le P. Marie-Dominique Roland-Gosselin, le secrétaire étant Jean Destrez, l’historien des manuscrits universitaires. La société comptait alors vingt-cinq membres d’honneur et cent cinquante-neuf membres, répartis en membres actifs et en membres bienfaiteurs, ces derniers ayant comme but le soutien des activités de la société. « La Société thomiste - écrivait le P. Mandonnet – ne possède ni ne s’arroge aucune autorité doctrinale. … Les tentatives d’interprétation, d’accommodation et de modernisation ne bénéficient aucunement de ses sympathies en tant qu’elles ne sont qu’un moyen, conscient ou non, d’obscurcir ou de déformer la pensée de saint Thomas, d’atténuer ou de fausser son véritable rayonnement. Ce qui nous paraît importer avant tout, c’est d’entendre la doctrine de saint Thomas dans sa profondeur et son étendue » (Bulletin thomiste, 1, 1924, p. [3]). L’activité de la société était essentiellement éditoriale avec la Bibliothèque thomiste et le Bulletin thomiste. La première publie son premier volume en 1921 : Bibliographie thomiste par Pierre Mandonnet et Jean Destrez. Quant au Bulletin, il commence à paraître régulièrement en 1924, tenu essentiellement par les facultés du Saulchoir, d’abord à Kain, puis à Étiolle (Paris).
La société se réunit régulièrement jusqu’à la seconde guerre mondiale. Malgré nombre de difficultés, la guerre n’arrête pas les deux séries de publication, mais interrompt les réunions du comité de la société. Il faudra attendre 1949 pour que celle-ci retrouve un comité. En 1932, le P. Mandonnet avait cédé la présidence de la société au P. Marie-Dominique Chenu, qui la conserva jusqu’à sa démission en 1984. Le P. Louis Jacques Bataillon lui succéda alors jusqu’en 2005.
Le Bulletin thomiste continue sa carrière sous la direction du P. Jean Isaac, suivi du P. Jean Tonneau, puis du P. Pierre-Marie de Contenson. Sa gestion devenant trop lourde pour un Saulchoir alors en crise, elle fut transférée, après un dernier volume paru en 1968, à la Province dominicaine de Naples: la Rassegna di letteratura tomistica (Bulletin thomiste) sera tenue, avec une admirable ténacité, par le seul P. Clemens J. Vansteenkiste, et durera jusqu’en 1995.
La Bibliothèque thomiste est née comme « Collection d’études historiques sur la vie, les écrits et la pensée de S. Thomas d’Aquin, publiée par la Revue des Sciences philosophiques et théologiques ». Comme la revue, la collection est publiée d’abord par Le Saulchoir, à Kain (Belgique) et, à partir de l’année 1930, les deux publications sont transférées à la Librairie philosophique J. Vrin (Paris). Depuis sa création, elle a continué régulièrement ses publications.
À côté de l’activité éditoriale, la Société thomiste promut aussi des « Journées d’études », où étaient invités des spécialistes de différents pays. Une conférence était prévue le matin et une l’après-midi, chacune suivie de discussions publiées en un volume, à la suite de chacune des conférences. La première journée eut lieu le 12 septembre 1932 et fut consacrée à la phénoménologie. Mlle Édith Stein, alors assistante de M. Edmund Husserl à Münster, y participa activement. Un an plus tard, le 11 septembre 1933, eu lieu la deuxième journée, consacrée à la Philosophie chrétienne, et M. Étienne Gilson y apporta sa contribution. La troisième rencontre, consacrée à « Philosophie et sciences », eut lieu les 24 et 25 septembre 1935, selon le même programme que les deux précédentes.
Interrompues pendant plusieurs décennies, ces journées ont été restaurées en 1984, sur une initiative du P. Pierre-Marie Gy, avec l’aide des PP. Édouard-Henri Wéber et Louis Jacques Bataillon. Sous la nouvelle dénomination de « Journée thomiste », la première de ces rencontres eut lieu le 6 novembre 1984, animée par le P. Louis Jacques Bataillon, nouveau président. Elle réunit un bon nombre de médiévistes parisiens et fut d’abord consacrée à l’élaboration d’un programme pour les rencontres suivantes. Le P. Bataillon y exposa l’état des travaux de la Léonine. Plusieurs ouvrages, récemment parus, furent également présentés. La deuxième « Journée thomiste » eu lieu le 25 janvier 1986, consacrée à « Thomas d’Aquin et Aristote ». M. Pierre Aubenque y donna un exposé sur « Thomas d’Aquin interprète d’Aristote » et le P. Bataillon y présenta un état des recherches sur les commentaires de Thomas d’Aquin aux œuvres d’Aristote. Depuis 1986 la « Journée thomiste » a eu lieu régulièrement chaque année et la date est désormais fixée au premier samedi de décembre. Certains programmes de ces Journées sont ici consultables.