par Winfried Fauser
Le commentaire de Thomas d’Aquin sur le quatrième livre des Sentences traite des sacrements et des fins dernières. Il constitue le seul enseignement conservé de lui sur l’extrême-onction, l’ordination, le mariage et l’eschatologie.
La collation de l’ensemble des 217 manuscrits qui contiennent cette œuvre ainsi que des 2 fragments de l’autographe, qui heureusement ont été conservés, a montré que la tradition manuscrite se divise en 2 familles : la tradition universitaire de Paris en 3 exemplaires, dont le second a copié le premier et le troisième le second, et une famille italienne. Elle a aussi révélé que chaque fois que le premier exemplaire de Paris comporte une faute, la famille italienne reste fidèle à l’autographe ; et que lorsque la famille italienne est fautive, l’exemplar de Paris reste fidèle à l’autographe. On a donc pu corriger les fautes de l’exemplar de Paris sur le texte authentique de la famille italienne et les fautes de la famille italienne sur le texte authentique de l’exemplar parisien.
Saint Thomas a utilisé une immense variété de sources : la Bible et ses gloses, la tradition de l’Église : les Papes, les Conciles, les Pères de l’Église, surtout Augustin, le droit canonique. Mais son raisonnement théologique est fondé surtout sur Aristote. Thomas mène une vive discussion avec les théologiens, ses prédécesseurs comme ses contemporains : Guillaume d’Auxerre, la Summa fratris Alexandri, son maître Albert le Grand, son collègue Bonaventure, et d’autres, tous cachés sous des anonymes comme quidam, aliqui, alii, etc. Selon les différents problèmes qui se posent, il est d’accord avec un théologien, d’autres fois s’y oppose : ainsi sur la question de la causalité des sacrements, il est en complet désaccord avec Bonaventure. Cela montre que le critère pour son raisonnement n’est pas l’autorité, pas même celle d’Augustin ou d’Aristote, mais seulement la vérité.